Hamilton BennettHamilton Bennett a joué un rôle déterminant dans la mise au point d’un vaccin contre la COVID-19 qui a fait la une de l’actualité dans le monde entier. À ses yeux, ses jours comme étudiante au campus Macdonald l’ont aidée à se préparer à l’année la plus mémorable de sa vie.

Le nom Hamilton Bennett ne vous dit peut-être rien, mais vous connaissez certainement le projet auquel elle a consacré de longues heures depuis un an. À titre de directrice principale, accès aux vaccins et partenariats chez Moderna, Bennett, B. Sc. (Sc. A.) 2007, a veillé au bon déroulement de la mise au point du vaccin de l’entreprise contre la COVID-19. Moderna s’est engagée à produire au moins 600 millions de doses du vaccin pour une distribution mondiale avant la fin de cette année.

L’année 2020 a été sans précédent pour Bennett, alors que Moderna et d’autres firmes de biotechnologie travaillaient frénétiquement à développer et à tester des vaccins contre la COVID à un rythme d’urgence jamais vu. Demandez-lui de préciser un moment marquant et elle mentionne aussitôt une réunion virtuelle tenue en novembre dernier. Y prenaient part des représentants de Moderna et les membres d’un comité indépendant de surveillance des données et de la sécurité (CSDC) qui ont passé au crible les résultats des essais cliniques de la troisième phase du vaccin contre la COVID de Moderna.

« Pour Moderna et nos collaborateurs, les données étaient à double insu – c’est-à-dire que nous ne savions pas qui recevait le vaccin et qui recevait un placebo », explique-t-elle. « En revanche, le CSDC consulte nos données après la levée de l’insu. Il a examiné nos données à huis clos et nous a ensuite livré les résultats. Après avoir consacré 11 mois à ces travaux, le fait d’entendre le CSDC dire “nous sommes heureux de vous informer que votre produit a un taux d’efficacité supérieur à 94 pour cent” a été un très grand moment pour nous tous. Je me suis mise à pleurer. J’ai dû désactiver la caméra de mon ordinateur à plusieurs reprises. Car c’était l’aboutissement de tout notre travail : avons-nous mis au point un vaccin qui aiderait les gens? »

Native du Kentucky, Bennett a déménagé au New Hampshire durant son adolescence. « Je me dirigeais lentement vers l’Université McGill », dit-elle à la blague. Elle nous a récemment parlé de ses expériences au campus Macdonald et à McGill. On peut dire sans se tromper que l’Université l’a marquée de façon durable… à preuve son tout premier tatouage représente une martlet.

Quels sont les atouts des programmes des sciences de l’alimentation et de l’agrochimie qui vous ont incité à étudier à McGill?

Oh là là! (rires) Vous n’aimerez peut-être pas ma réponse! C’est un pur effet du hasard dans les formalités d’inscription.

En tant qu’étudiante de l’étranger qui se dirigeait en sciences, je devais terminer des cours d’année préparatoire (U0) pendant ma première année pour être au même niveau que tous les étudiants du Québec. Quand j’ai reçu ma lettre d’acceptation de McGill, j’ai constaté qu’elle venait du campus Macdonald et du Département des sciences de l’alimentation et de l’agrochimie. J’ai téléphoné pour dire : « Qu’est-ce que ça signifie? Je n’ai pas soumis de demande à ce programme. » J’avais choisi biochimie, anatomie, physiologie – tout ce qui me permettait de me préparer à la médecine.

La personne à qui j’ai parlé m’a dit : « Eh bien, vos cours types sont tous les mêmes pour cette première année. Vous devez suivre les huit mêmes cours, quelle que soit la Faculté. Alors, pourquoi ne pas venir à Macdonald et après cette première année, vous pourrez transférer si vous le souhaitez. »

Durant cette première année, j’ai eu un professeur extraordinaire en sciences de l’alimentation, Ashraf Ismail. Il m’a prise sous son aile et m’a donné un emploi dans son laboratoire. « Je pense que vous voudrez probablement rester ici à la fin de votre première année », avait-il prédit. Il avait vu juste.

Macdonald était un endroit où vous pouviez avoir des relations individuelles avec vos professeurs. La communauté est petite et incroyablement diversifiée.

Quand on est jeune et qu’on est à l’université, on est très idéaliste. On souhaite sauver le monde. Je n’ai jamais vraiment perdu cet idéal, car j’étais toujours en présence de gens qui étaient si engagés. Beaucoup d’étudiants en nutrition et en diététique s’intéressaient vivement aux questions de santé et d’équité concernant les Autochtones. Les personnes en sciences végétales et en agriculture étaient très soucieuses de l’environnement. C’était très facile d’être inspiré par les personnes avec lesquelles vous passiez vos journées.

J’ai fini par obtenir un diplôme en sciences de l’alimentation, alors que je n’y connaissais rien au départ. Je referais exactement les mêmes choix.

Aviez-vous des activités extrascolaires à Macdonald?

Je consacrais une grande partie de mon temps en dehors des cours à l’association étudiante. Je siégeais au conseil étudiant à Macdonald, puis j’ai siégé au conseil des gouverneurs de McGill en tant que représentante des étudiants du campus Macdonald.

Dick Pound en était le président à l’époque et sans exception, les gouverneurs étaient tous si gentils. Ils étaient curieux de la vie étudiante et ils tenaient tous à me parler de mes études. À un moment donné, ils m’ont affecté au sous-comité des finances, et je me souviens avoir pensé, ma grande, tu ne fais pas le poids (rires). J’ai eu le privilège de jouer dans la cour des grands. Et me voici, des années plus tard, en train de superviser un programme de plusieurs milliards de dollars.

Comment diriez-vous que vos expériences à McGill ont contribué à inspirer votre parcours professionnel?

Un des derniers cours que j’ai suivi à Macdonald a été un cours sur l’assainissement de l’eau et la santé que donnait le professeur Geary de l’Institut de parasitologie. Cela a vraiment servi de catalyseur pour élargir mes horizons et entrevoir le potentiel de la recherche. J’ai compris que la médecine n’était pas la seule voie pour réaliser le genre de travail que je voulais faire dans le monde. Cette expérience m’a conduit directement à faire une maîtrise en écosalubrité à l’Université de Washington, où je me suis concentrée sur la qualité des eaux.

Et puis, étant à Seattle, à Washington, j’ai été exposée à des organisations comme PATH et la Fondation Gates, et j’ai compris que ce type de philanthropie mondiale en santé devait s’associer à des scientifiques afin de développer des innovations qui sont soutenables dans le monde réel. Et donc, au terme de ma maîtrise, j’ai commencé à chercher des emplois axés sur ce modèle. Je travaille depuis lors dans le domaine du renforcement de la santé publique, de la thérapeutique et des vaccins contre les maladies négligées.

Si vous pouviez remonter dans le temps et donner un seul conseil à la jeune version de vous-même durant cette première année à McGill, que serait-il?

Je lui dirais de tout faire, de profiter de chaque occasion qui se présente à elle, car on ne sait jamais où cela mènera. Si tu as la possibilité d’aller à une cabane à sucre dans le nord du Québec, vas-y. Si tu as la possibilité d’aller visiter la ferme d’un ami et de voir à quoi ressemble l’agriculture canadienne à cette échelle, vas-y. Parce qu’on ne sait jamais ce que l’on finira par retirer de ces expériences, ni comment elles pourraient façonner notre vision du monde. Et tu n’auras peut-être plus jamais l’occasion de vivre ce genre d’expérience.