La pandémie de COVID-19 a changé la vie quotidienne des gens dans la plupart des pays du monde. La vitesse à laquelle le public a dû réagir et s’adapter aux directives publiques en matière d’éloignement physique est sans précédent, ce qui a entraîné de nombreuses difficultés pour acquérir l’essentiel.
Dirigée par la professeure Daiva Nielsen de l’École de nutrition humaine à McGill, l’Étude sur les aliments dans le cadre de la COVID-19 au Québec est une enquête provinciale réalisée en ligne auprès de ménages. Elle vise à évaluer les impacts et les changements en matière d’accès aux denrées alimentaires et de comportements alimentaires selon la prévalence régionale de la COVID-19 pendant et après la période de confinement provincial qui a eu lieu ce printemps. Les participants sont des résidents et résidentes du Québec âgés de 18 ans et plus.
Les scientifiques cherchent à comprendre l’impact de la pandémie sur l’accès aux denrées alimentaires, lequel a été perturbé pour diverses raisons, notamment « les défis économiques résultant de la perte d’emplois, les impacts agricoles, l’auto-isolement, ou l’appréhension de faire des achats en magasin à cause de préoccupations concernant l’exposition au virus du SRAS-CoV-2 », explique la Pre Nielsen.
L’étude est une collaboration entre l’École de nutrition humaine et la Faculté de gestion Desautels de l’Université McGill, ainsi que le département de marketing de l’Université Laval.
Collecte de données

« La première consultation s’est déroulée sur deux semaines en mai 2020, pendant la période de confinement de la province, et la première évaluation de suivi est réalisée en août. Une troisième et dernière période de collecte de données aura lieu plus tard, à l’automne 2020 ou à l’hiver 2021, afin de pouvoir comparer les résultats en matière d’alimentation au fil du temps et de l’évolution de la situation », précise la Pre Nielsen.
L’étude a été largement publicisée par des médias sociaux et divers sites Web de la province consacrés à l’alimentation et à l’agriculture. De l’information sur l’étude et sur la façon d’y participer a aussi été diffusée dans une émission de la chaîne Radio One de CBC à Montréal. Afin d’accroître la couverture provinciale, une publicité payante sur Facebook et Instagram a ciblé les régions en dehors de Montréal.
Le premier questionnaire portait sur les données sociodémographiques, la fréquence des achats à l’épicerie et l’utilisation des méthodes d’épicerie en ligne (en général et pendant l’auto-isolement, le cas échéant), les perceptions des risques et les stratégies d’atténuation de l’exposition au coronavirus lors d’achats en magasin, les obstacles à l’accès aux aliments et l’impact sur l’emploi des ménages dû aux cessations d’activités causées par la COVID-19.
Selon la Pre Nielsen, « 2 093 ménages ont été joints, répartis comme suit selon les régions de prévalence de la COVID-19 de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) : 50 % dans Montréal/Laval, 13 % dans la couronne de Montréal et 37 % dans Autres régions, qui représentent les zones de prévalence élevée, moyenne et faible de la COVID-19, respectivement. Au total, les réponses ont été obtenues auprès des ménages de 17 des 18 régions sanitaires du Québec ».
Analyses statistiques des résultats
Des analyses statistiques sont en cours pour l’ensemble des données et par prévalence régionale de la COVID-19, afin de déterminer si l’accès aux aliments et les habitudes alimentaires varient en fonction de la prévalence régionale.
L’enquête de suivi d’août 2020 reprend un certain nombre de questions de la première période de collecte de données. La Pre Nielsen précise que le but est « d’étudier les éventuels changements de tendance entre le moment des mesures provinciales de confinement les plus strictes et une période de déconfinement. » Des questions supplémentaires ont été ajoutées pour évaluer l’impact potentiel de la pandémie sur les dépenses alimentaires des ménages, les valeurs alimentaires et le savoir-faire en matière d’alimentation.
Les résultats de l’enquête indiqueront s’il existait des difficultés d’accès aux denrées alimentaires pendant la période de confinement provincial et, dans l’affirmative, quels facteurs sociodémographiques étaient liés à ces difficultés.
La méthode de recrutement a permis d’atteindre un grand nombre de ménages en peu de temps, mais comme le mentionne la Pre Nielsen, « il est important de reconnaître que les méthodes de recrutement en ligne peuvent ne pas joindre des ménages à faible statut socio-économique et que, par conséquent, les résultats de cette étude refléteraient la situation des groupes à statut socio-économique plus élevé. Néanmoins, les conclusions pourraient contribuer à l’élaboration de plans de stratégies alimentaires commerciales au fur et à mesure de l’évolution de la pandémie et pourraient aider à définir des orientations de santé publique concernant l’accès aux denrées alimentaires en cas d’épidémies futures. »
Étude pancanadienne
La Pre Nielsen figure aussi parmi les principaux scientifiques d’une enquête pancanadienne sur l’accès aux aliments, « L’Étude interprovinciale : Perceptions et inquiétudes à propos de l’accès à la nourriture au Canada pendant la pandémie de la COVID-19, 2020 ». L’étude qui s’apparente à celle du Québec accepte actuellement les réponses de résidents et résidentes âgés de 18 ans et plus, dans toutes les provinces. On trouvera ici les liens vers l’enquête de chaque province : https://www.kpu.ca/isfs/covid19-consumer-survey.
L’enquête pancanadienne vise à faire progresser la compréhension des chercheurs en ce qui concerne « l’accès aux denrées alimentaires, les comportements d’achat et de consommation, ainsi que les perceptions et les préoccupations des consommateurs canadiens en matière d’alimentation pendant la pandémie. [Ils] espèrent démontrer l’impact d’une pandémie, du point de vue du consommateur, sur l’un des besoins humains fondamentaux – les denrées alimentaires. L’étude contribuera au débat en cours sur l’importance et l’urgence d’une transition vers un système alimentaire régional plus fiable et plus résistant », d’après le site Web de l’étude.